mardi 29 mars 2016

Ecrire une lettre avec Norman !

Pour l'épreuve de B1, il est souvent demandé aux étudiants d'écrire une lettre, pas facile ! La preuve avec cette petite vidéo de Norman.



Et voici la transcription de ce sketch. Ah oui, il y a des blancs à compléter !

0:00 Écrire une lettre postale à l'a…………………………………….. ; sur un papier avec un crayon, c'est vraiment un petit plaisir que j'ai retrouvé. Faux!

0:10 En fait, j'ai eu un petit problème avec ma banque alors je les ai appelés, et la dame au téléphone, elle m'a dit: «Pour cette demande il faut nous envoyer un c……………………………….. postal, par la poste».

0:22 Alors je me suis mis à écrire cette lettre. Et au bout de quelques l…………………………….. ;, j'ai redécouvert un problème que j'avais en CE2, alors que j'ai 24 ans: l'écriture penchée.

0:34 'tain c'est ridicule ce truc. J'ai 24 ans et j'écris encore penché. Heureusement que je ne passe pas un e………………………………………………. d'embauche. Alors je sors d'une école d'ingénieur, je suis trilingue, professionnel et extrêmement motivé, voici ma lettre de motivation. Homme ridicule.

0:49 Du coup, j'ai dû tracer des lignes avec une règle au crayon pour écrire. Mais bon après je les ai g…………………………………………., je suis pas complètement fou, non plus. Il y a aussi un truc que j'avais oublié, maintenant que j'ai l'habitude d'envoyer des emails, des textos et autres tweet, de manière parfaitement illimités, c'est que, pour envoyer une lettre postale, extrêmement ringuarde, qui va mettre 3 jours à arriver, il faut payer.

1:13 What is the fuck (sic)? Nos parents, à l'époque, ils devaient dépenser trop de t………………………….. ;: Pour la fête de samedi soir, je ne sais pas encore si je peux venir, écoute, je te confirme ça par lettre, ok? On fait comme ça? Ça marche. Oh non je n'ai plus de crédit.

1:29 Donc j'ai …………… aller acheter un timbre. Et il y a un truc que j'ai toujours trouvé hyper-dégueulasse avec les timbres, c'est qu'un timbre, à part la poste, tu peux l'acheter que dans les vieux P………………, vraiment crado, et la partie non protégée du timbre, il faut tout simplement la lécher.

1:46 Alors si personne ne regarde, moi je fais la technique du doigt. Comme ça j'ai pas trop de maladies du PMU.

1:59 Et enfin, après avoir bien galéré, quand j'arrive devant la b………………………..  aux lettres pour poster la lettre, j'ai l'impression de devenir plutôt débile.

2:11 ...et d'hésiter pendant 40, 50 secondes. Mais après avoir autant g……………………….. j'ai pas envie de me tromper de trou, si tu veux. Suite à quoi, je développe une sorte de parano: je me dis que, si ça se trouve, la lettre, elle est pas bien tombée.

2:37 Alors que, normalement, c'est un trou classique.


2:44 Je ne sais pas si je suis le seul à galérer pour envoyer une lettre de merde, mais en tous cas, vous êtes de plus en plus nombreux sur la page facebook Norman fait des vidéos, et ça, ça me fait super plaisir. Partagez cette vidéo sur votre mur facebook si vous voulez. D'accord?

lundi 7 mars 2016

un bol d'histoire chocolatée !

Le petit film de Karambolage sur le BANANIA nous a permis de découvrir ce qu'était l'empire colonial français.

Un petit objet qui permet de parler d'un grand sujet !



Et bien-sûr la transcription.

Le Banania est pour moi à la fois familier et perturbant. Familier car c’est un produit populaire français représenté par un personnage noir, comme moi. Perturbant, car il a souvent été le symbole d’une France aux clichés dépassés. En fait, Banania, né comme la Première Guerre mondiale à l’été 1914, n’est pas qu’une poudre de chocolat instantané, c’est avant tout un concentré d’histoire coloniale ! Voyez sa composition, c’est une invitation au voyage aux Antilles ou en Afrique noire : de la farine de banane – dont il tire son nom, du cacao et du sucre de canne. En créant cette poudre chocolatée, Pierre Lardet a d’abord choisi de représenter sa marque par une Antillaise. Mais dès 1915, contexte de guerre oblige, c’est le tirailleur sénégalais qui s’impose comme l’image du produit. Petite digression historique : en 1857, le Général Louis Faidherbe, gouverneur de la colonie française du Sénégal, fonde un corps de soldats qu’il appelle "les tirailleurs sénégalais". C’est le début de de l’armée coloniale qui recrute par la suite des soldats africains dans toute l’Afrique occidentale et équatoriale française. Pourtant, l’expression générique "tirailleur sénégalais" reste. Pour se faire comprendre auprès de ces soldats qui ne parlent donc pas la même langue, les autorités décident de leur apprendre une langue simplifiée : le français tirailleur.

Revenons à notre Banania. Lardet choisit en 1915 ce fameux "tirailleur sénégalais" pour illustrer ses boîtes jaunes. On le reconnaît à ses trois attributs : une chéchia rouge typique des soldats musulmans, un large sourire, mais surtout le fameux slogan "y’a bon Banania", une traduction de "c’est bon, le Banania" en français tirailleur. La légende dit que c’est ce qu’aurait déclaré un tirailleur en goûtant sa première gorgée de la boisson à la sortie d’une usine. Soit. Pour faire la promotion de cette poudre de cacao, 14 wagons de Banania sont envoyés aux soldats du front afin de leur donner, je cite, "force et vigueur". Et ça marche ! Très vite, c’est le succès et celui que l’on appelle dorénavant "l’ami y’a bon" s’invite à la table des Français. Hélas, pendant la Première Guerre mondiale, "force et vigueur" ne suffiront pas à épargner la vie de cette armée coloniale composée de soldats enrôlés de force et issus des quatre coins de l’Empire colonial. Une armée à l’objectif clairement défini : économiser les vies des poilus blancs. Dans son livre, le Général Mangin parle ainsi de "force noire à consommer avant l'hiver car ne supportant pas le froid". Aux côtés des tirailleurs d’Afrique noire, des milliers de Maghrébins, Antillais et Kanaks ont été ainsi envoyés en première ligne pour défendre le drapeau tricolore. Au total, ils seront environ 200 000 soldats africains à combattre et plus de 30 000 à mourir pour la France entre 1914 et 1918.

On les retrouve pendant la Deuxième Guerre mondiale : les tirailleurs africains s’illustrent et tombent sur le champ de bataille ou dans les camps de concentration. Un triste épisode marque la fin de l’épopée des tirailleurs : le massacre de Thiaroye. Le 1er décembre 1944, dans un camp près de Dakar au Sénégal, l’ordre est donné d’ouvrir le feu sur des tirailleurs de retour du front qui réclament le paiement de leurs arriérés de solde. Officiellement, 35 tirailleurs sont tués, mais quatre jours plus tard, un rapport dénombre 70 victimes. Malgré tout, sur les boîtes, le tirailleur continue de dire "Y’a bon Banania" jusqu’en 1977, date à laquelle le slogan, souvent récupéré à des fins racistes, est abandonné par la marque. Il faut dire que le large sourire un peu niais, associé au slogan qui caricature un français un peu simpliste, datent franchement d’une autre époque. Aujourd’hui, les gadgets à l’effigie du tirailleur sont devenus des objets de collection. Des objets qui ont au moins le mérite de mettre un visage sur un formidable héros de l’Histoire de France !
Texte : Linda Lô    Image : Olivier Martin